La grisaille, ou travail de la nuance, est une technique qui m’attire beaucoup et pourtant aucune réalisation jusqu’ici. Une palette en camaïeu et un geste fin et précis peuvent vraiment bien correspondre à ma « touche » et à la douceur et au velouté que je cherche toujours à rendre dans ma peinture.
Il y a longtemps déjà, plutôt habituée au travail de reproduction, je me suis lancée le défi de créer une pleine page, avec miniature, bordures, lettrines, médaillons, et calligraphie.
J’ai trouvé mon inspiration dans mon attachement à la Vierge Marie, pour l’image universelle de la maternité qu’elle symbolise, mais aussi pour l’exemple de la douleur infinie que représente la perte d’un enfant qui fait écho à l’histoire de mes parents.
J’ai imaginé ma construction iconographique comme un « pèlerinage marial », selon un sens chronologique et surtout, à la lumière de connaissances symboliques : privilégier une lecture spirituelle plutôt qu’une vision réaliste est l’essence même de l’enluminure médiévale.
Voici en quelques mots le fond de ma pensée :
- la miniature : comme une reine-mère, la Vierge, allaitante, est assise sur un trône, mais celui-ci est aux allures d’une stèle ornementale de style gothique pour évoquer le destin funeste du « fruit de ses entrailles ». La scène s’inscrit sous une voute en pierre que l’on devine en ogive, comme celles des cathédrales, un écrin précieux pour qui est le fils de Dieu.
- les bordures : elles regorgent de végétaux et de d’animaux porteurs de messages.
- une colombe symbolise l’Esprit Saint. Elle déroule un phylactère « Scripterum erat« , « c’était écrit ».
- une chouette : oiseau blanc de nuit, par opposition au corbeau, oiseau noir du jour. La chouette blanche, clairvoyante dans la nuit noire symbolise le Christ, lumière dans les ténèbres.
- l’aigle, représentation tétramorphe de l’évangéliste Saint Jean. Par l’altitude de son vol, je l’ai voulu en référence à l’Ascension, l’élévation au Ciel du Christ.
- le lys blanc : signe de pureté, il symbolise la virginité de Marie, lors de l’Annonciation par l’archange Gabriel.
- l’oeillet : du grec latinisé dianthius, « fleur de Dieu », en forme de clou, c’est déjà une référence à la Crucifixion.
- les rameaux épineux de pimprenelle pour la couronne d’épines.
- l’ancolie : pour l’innocence de Marie et le Saint-Esprit.
- le lierre : plante persistante associée à l’immortalité. Il représente la force et la gloire dans le cycle de la mort et du renouveau.
- le liseron : symbole d’attachement et de résilience.
- la passiflore (dans la lettrine) : par sa forme, la fleur de la Passion du Christ (trois clous, cinq plaies, et la couronne d’épines)
En médaillon en bas, un baiser de Marie à son fils descendu de la Croix. A droite, le Christ sur La Croix..
Parchemin de chèvre, coté fleur
17cm x 22cm